Voici une chronique publiée dans le numéro 65 de Ravage. À l’époque, seules les rumeurs de l’annulation du GD français et espagnol 2013 avaient court.
Depuis, ces derniers ont bien été annulés, et les bruits qui courent concernant 2014 ne sont pas des plus joyeux, puisque seul le GD UK serait maintenu.
Une page semble se tourner, mais voilà les quelques lignes écrites, alors que ce concours existait toujours un peu partout en Europe.
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S’il y a bien une question que l’on me pose souvent, c’est bien celle-ci : « comment fait-on pour gagner un Golden Demon ? ». Systématiquement, elle me renvoie des années en arrière, alors que j’étais aussi à la recherche d’une réponse.
Notre microcosme est constitué de bien des choses, qui vont de l’apparition de nouvelles marques, de nouveaux systèmes de jeux, aux figurines elles-mêmes. Mais que l’on soit peintre ou joueur, les concours et tournois ne nous sont pas inconnus.
En matière de peinture, il est clair que le Golden Demon (organisé par Games-Workshop) reste le concours de prédilection pour une large majorité. Mais pourquoi est-il devenu si populaire ?
La réponse est simple, la firme anglaise possède un atout majeur que ses concurrents n’ont pas : White Dwarf.
Dès que les résultats du GD anglais parurent dans le magazine, une envie naquît dans le cœur de tous ses lecteurs. Celle de voir ses figurines publiées, vues par le reste du monde, et de recevoir une statuette qui allait devenir mythique.
Du rêve à la rationalisation
Pourtant, alors que le concours se répandit à travers le monde, avec des éditions américaines et européennes, et que le niveau grandissait, gagner un trophée du Golden Demon n’est pas si difficile.
Avec du travail, beaucoup de remise en question, des discussions et en soumettant sa pièce à la critique, il devient dès lors rapide de progresser. Adolescent, je souhaitais véritablement acquérir l’une de ces statuettes. Sans jamais vraiment essayer de sortir du niveau que je donnais à mes armées. Après un an de pratique un peu plus intensive, je finis par décrocher le sésame en 2004, lors de l’édition allemande du concours.
Aujourd’hui, j’ai perdu le compte de mes amis et proches du milieu qui y sont aussi parvenus. Chacun pour les raisons citées plus haut. Et, en moyenne après une à quatre années de travail.
Une chose joue énormément cependant. En se déplaçant à différentes éditions au cours d’une année, on augmente grandement ses chances de repartir avec un trophée. Le niveau d’une même catégorie variant amplement d’une année sur l’autre, et d’un pays à l’autre. S’y ajoute que nombre de catégories sont plus accessibles. Gagner en « escouade » étant souvent bien plus aisé qu’en « figurine individuelle » ou « monstre ».
Et puis, il faut aussi aborder les chiffres. Avec une moyenne de douze catégories, trois prix pour chacune, et avec les éditions internationales, ce sont plus de 250 trophées qui sont remis chaque année. Sachant que neuf ans se sont écoulés depuis mon premier démon, pas loin de 2300 statuettes ont été remises à travers le monde.
Finalement se sont plusieurs centaines ou milliers de peintres, qui possèdent un bout de résine sur une étagère.
Or, le Golden Demon existe depuis les années 80 (bien qu’il n’y avait pas autant de catégories, ni d’éditions qu’aujourd’hui). Le total est donc bien plus important.
Enfin, même si beaucoup trouve le niveau extrêmement élevé – et cela fut mon cas – il faut malgré tout rationnaliser. Le niveau général présent parmi la dizaine de finalistes pouvant prétendre au podium d’une catégorie, dépasse rarement le niveau des tables « confirmés » des concours Open. Bien qu’il y ait plusieurs pièces d’exceptions à chaque édition.
Certes, ce dernier n’est pas non plus enfantin à atteindre, mais avec une pratique continue, en lisant des tutoriels, et en soumettant son travail, il s’agit d’un niveau de pratique atteignable pour tout un chacun.
Et je vous le jure, dès que la machine est en marche, que les réflexes sont acquis, progresser vers des résultats encore plus importants devient alors logique.
Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’au bout de deux années de peinture studieuse, et pour peu que l’on se rende à deux (ou trois !) éditions, le sésame finisse par atterrir entre vos mains. Et c’est tout le bien que je vous souhaite !
Après l’obtention
Mais ce n’est pas tout. Il y a souvent une seconde question qui suit la première. « Qu’est-ce que cela change de gagner un Golden Demon ? ». Eh bien, honnêtement, cela n’apporte rien, si ce n’est un plaisir personnel. On ne devient connu que de ceux qui s’y intéressent. Et c’est tout. On ne devient pas riche en tout cas. Ce n’est pas parce que l’on gagne un ou cent démons, que ceux cherchant un peintre pour des commandes, viendront toquer à votre porte.
J’ai trente trois démons et ne fais pas de la peinture de figurine ma profession à temps plein (pour le moment, même si cela est en train de changer). Certes, je ne communique pas particulièrement. Mais que l’on ait un démon ou pas, si l’on fait état de sa disponibilité concernant les commandes, et que l’on fait du bon travail : tout arrive alors de la même façon. Le démon à la limite, peut faire office de gage de qualité. Et encore, de part le nombre de trophées distribués, et leurs degrés de difficultés d’obtentions, cela n’est pas si véridique.
Cela n’interpelle pas non plus les sociétés. Ce n’est pas le nombre de trophées qui importe, c’est bien votre travail général. Je sais que les offres qu’on m’a faites viennent de mes réalisations, plutôt que des « presse-papiers » en résine accumulés.
Tout doit rester question de plaisir
Gagner un Golden Demon ne vous apportera donc jamais gloire, femme, et culte d’adorateurs prêt à provoquer la fin des temps… Quoique ? Cependant une chose est immuable. Vainqueurs ou pas, en participant à un concours vous aurez donné le meilleur de vous-même.
En cherchant à vous améliorer, le résultat vous conduira forcément à être fier de vos efforts, de vos progrès, et de votre figurine. C’est personnellement là que je trouve plaisir à participer au GD. En plus de la deadline, qui force à finir un projet dans un temps imparti, cela m’a toujours forcé à m’améliorer et être satisfait des quelques progrès accomplis. La notion de compétition, pousse vers un accomplissement personnel.
Bien sûr quand on participe à une compétition, on cherche à remporter un prix. Le fait d’en gagner un ne provoque qu’un plaisir immédiat.
Alors, si vous cherchez à remporter un démon (et je vous le souhaite vraiment), en plus d’y parvenir à force de travail, vous vous rendrez surtout compte du chemin parcouru. Et c’est bien là le plus important : avoir pris de plus en plus de plaisir à peindre son petit bonhomme et à essayer de nouvelles choses.