Figurine historique/fantastique : même passion ou mondes différents ?
Je me souviens de mon premier déplacement sur un concours Open. J’avais 17 ans et commençait à vouloir progresser en peinture.
Ne connaissant quasiment rien du milieu de la figurine, encore moins des codes le régissant, c’est avec timidité que je me retrouvais dans une salle remplie de tables, et de centaines de figurines et visiteurs.
Il s’agissait du concours de Lyon, plus connu sous sa nomination latine : Lugdunum. Nous étions en 2003.
J’y ai découvert un aspect de la figurine que je ne connaissais pas : le monde de la figurine historique. De véritables grands noms étaient présents, et tout penaud, avec mes petites créations issues des univers Games-Workshop, peintes avec un niveau tout juste bon pour les tables de jeu (et encore !), je pris mes premières claques visuelles.
Mieux, j’y vis une grande communauté, un état d’esprit général résultat du partage d’une passion commune, et je pu même glaner de précieux conseils.
Quelques mois plus tard
L’année suivante, douche froide. Alors que je me rendais au concours de Sèvres, je découvris un autre aspect de notre microcosme. Un aspect que je ne connaissais pas du tout, et qui fait encore rage aujourd’hui. Un clivage, entretenu par certains, entre le monde des figurines historiques, et celui du fantastique.
Je pu être le témoin d’une mise à l’écart, d’une certaine condescendance, alors même que nos petits soldats partageaient les mêmes tables, le même espace, et que nous étions dans la même salle.
Si cette ambiance ne semble plus avoir lieu aujourd’hui sur les tables de Sèvres, un nouveau phénomène est néanmoins apparu. Phénomène que je n’avais pas rencontré au fil de mes pérégrinations à travers les concours Open de France.
World Expo 2008/2012 : un clivage au grand jour
La grand messe de la figurine : La World Expo. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit tout simplement des “mondiaux” de notre microscome. Nos jeux olympiques en quelque sorte. Les plus grands peintres historiques, les plus grands peintres fantastiques, des stands de prestige, la possibilité de trouver presque toutes les marques, et fournitures possibles. Des figurines de folies. Bref, le sommet.
Lors de cette édition de Gérone (Espagne), fut décidé très en amont la séparation de nos deux mondes. D’un côté l’historique, de l’autre le fantastique. Et hors de question de lier les deux !
Le pire fut une ségrégation éhontée des deux communautés. Les peintres historiques ayant le privilège de conférences diffusées sur écran géant, avec retransmission en direct. Quand nous avions le droit d’en faire autant, si ont le voulait… sur une table quelque part au loin, mais rien d’officiel et surtout rien de trop organisé.
Ce fut une véritable honte et une énorme déception de voir un petit groupe de personnes se gageant de leur grandeur et de leur renommée, se pavanant tel des faons et méprisant un grand nombre de participants et de visiteurs.
Alors que ces derniers partageaient la même passion, les mêmes rêves, et avaient amené d’aussi belles et aussi nombreuses pièces que les peintres historiques.
La dernière Word Expo de 2011 (Suisse) fut encore plus radicale. Son intitulé stipulant simplement « concours de figurines historiques ». Alors que, comme toujours, une énorme part des visiteurs et participants venaient de nos univers fictifs.
Prenons bien garde de ne pas faire d’amalgames douteux. Il n’y a pas de guerre entre historique et fantastique. Les deux communautés s’entendent parfaitement bien, et savent s’épauler ou s’inspirer mutuellement. La preuve en est que des grandes marques historiques telles qu’Andrea Miniatures, s’essayent depuis des années à produire des gammes fantastiques. Ou que certains grands noms de l’historique peignent du fantastique… et inversement !
Malgré tout, en certaines occasions, quelques uns se plaisent encore à entretenir ce besoin de différenciation.
Alors oui, juger une pièce historique se fait aussi sur des critères…historiques ! Telle troupe à telle époque portait tel uniforme de telle couleur, et il est important que ceux dont l’intérêt s’y situe, voient cet aspect de leur travail correctement évalué. Quand bien même il ne représente qu’une part infime de la « note » finale.
Mais de là, à devoir entendre de façon récurrente « je ne sais pas peindre de fantastique, je ne peux pas le juger, c’est tellement différent !»…
Le besoin de se réunir.
Il me semble pourtant que les techniques de peinture restent absolument identiques. Les acryliques et les huiles se moquant de leurs supports. Pourquoi chercher à se voiler la face ?
Faut-il diviser un salon en deux secteurs, avec différentes tables, différentes étiquettes, différentes mentalités ?
Il est en effet primordial de savoir que notre hobby ne s’arrête pas à nos petits monstres en armures, et qu’un monde bien plus vaste et cultivé s’étend par delà.
Quel plaisir de pouvoir parler de peinture, que ce soit au sujet des couleurs, des médiums utilisés, ou des recettes pour obtenir tel effet ou texture. Les concours, comme les tournois, sont une source inépuisable de rencontres et d’enrichissement. Surtout que les discussions finissent invariablement par dériver sur d’autres passions et intérêts communs.
Il est dès lors primordial, de ne pas chercher à mettre en avant un monde plus qu’un autre, quand on a la possibilité de les réunir.
Je peux citer des salons tels que le Fimaje (à Antibes) pour cette convivialité qui représente sa marque de fabrique. Il en va de même en Belgique à la Painting Crusade. En fait, j’ai une longue liste de salons sur lesquels j’ai de magnifiques souvenirs. Tant que le tout reste fait par des passionnés, s’intéressant aux différents univers, il est difficile de passer un mauvais moment. Mais j’y cru remarquer que lorsque que les termes « World Master », « coupe des nations », ou autres titres ronflants, s’attachent aux prospectus, la machine commence doucement à s’enrayer.
Enfin, s’ouvrir aux autres communautés ne peut servir qu’à sa propre progression. Avec des amis joueurs, j’ai eu accès à de très bonnes recettes de peinture rapide. En parlant avec des adeptes de l’historique, il y a de quoi passer des heures au sujet de la peinture à l’huile et réalisation de décors (tout aussi utile pour les joueurs !).
Et si l’on ajoute à cela les maquettistes, on se met à regarder les chars des univers Warhammer avec un œil tout à fait différent et plein d’envie d’expérimenter.
Nous ne représentons qu’une partie du hobby. Mais une partie devenue assez importante pour ne pas la laisser cantonner à une image infantilisée et insignifiante. À nous de faire un pas vers nos pairs, et inversement. D’autant que nous avons beaucoup de choses à leur faire découvrir, rien qu’en matière de jeu de masses et d’escarmouches, sans parler des jeux de plateaux ! Et qui sait, la prochaine World Expo de Stresa aura peut-être, enfin, un autre son de cloche !
Bref, profitez de tous ces rendez-vous ayant lieu en France, et faîtes les vôtres. C’est ainsi que l’émulation pousse à la création de véritables merveilles, sur les tables de jeu comme dans les vitrines de concours, et cela quelque soit le sujet, je l’espère !
Bonjour,je suis tout à fait d’accord avec toi!La premiere fois que j’ai poussé la porte du club de ma région,j’ai senti une sorte de condescendance amusée à mon égard de la part de certains anciens du club,quand je leur ai dit que je peignais des monstre,marines de l’espace,etc…bref du fantastique et en plus pour ne rien arranger à l’eau!
Comme je voulais faire partie d’un club, je me suis accroché et j’ai essayé petit à petit de montrer que l’on pouvait faire aussi de belles choses en Fanta à l’acrylique.
Entre temps avec quelques camarades qui eux n’ont pas pu adhérer à ce club assez fermé aux nouveautées, nous avons créer notre propre club de peinture de figurine (sans catégorie) certe plus orientée vers le fantastique mais sans restriction de medium,ou de thèmes .
ET miracle quelques années plus tard les deux clubs ont fusionné,prouvant ainsi que les mentalités changent et que l’on a qu’une seul passion La Figurine quelle qu’elle soit.
Bonne analyse,
je suis étonné que la world expo 2011 annonçait “concours de figurine historiques”. Il doit y avoir un attachement et des racines très profondes…
vive les deux en effet, elles se complètent si bien en fait (apprentissage de la grande peinture avec l’histo, et inspiration infinie avec le fanta)
La figurine gagnerait également à sortir un peu des concours, pour être davantage tournée vers une exposition, qui cherche à tisser un lien avec n’importe quel public.